On estime que la mise en œuvre des différentes composantes du système SCP est suffisante pour permettre à la majorité des élèves (±80%) d’adopter les comportements désirés. En revanche, un pourcentage des élèves (±20%) aura besoin d’une aide supplémentaire et plus spécifique pour se comporter adéquatement, car les besoins de ceux-ci s’éloignent de ceux du groupe de référence. Ainsi, pour éviter que des difficultés légères au plan comportemental deviennent sévères, on recommande de mettre en œuvre un modèle de réponse à l’intervention (RAI). Le modèle RAI est préventif dans la mesure où il met l’accent sur l’identification précoce des élèves à risque ou en difficulté comportementale, et ce sur la base des données accumulées, et sur la mise en œuvre d’interventions adaptées pour ceux ayant des besoins particuliers, et ce afin de favoriser le développement de compétences sociales de tous les élèves. L’approche RAI est un modèle d’intervention à trois niveaux qui permet la planification d’interventions préventives empiriquement validées, dont l’intensité est graduellement augmentée.
Un modèle d’intervention à trois niveaux
Le premier niveau d’intervention est la mise en place d’interventions efficaces, issues de la recherche en éducation, visant la prévention des difficultés comportementales et s’adressant à tous les élèves. La mise en place des différentes composantes du système SCP dans l’école correspond essentiellement aux interventions efficaces de premier niveau. Tel que mentionné, quoique essentielles, ces interventions sont insuffisantes pour répondre adéquatement aux besoins particuliers de certains élèves qui nécessitent des interventions spécifiques de second niveau.
L’analyse des données comportementales effectuées par l’équipe SCP permet d’identifier les élèves qui ont des difficultés comportementales persistantes et qui ont besoin d’une aide supplémentaire. Selon les problématiques observées, ces élèves pourraient être regroupés temporairement afin de bénéficier d’interventions de second niveau; interventions plus spécifiques et ciblées comme : l’enseignement d’habiletés sociales, la gestion du stress et de la colère, l’approche cognitivo-comportementale, la restructuration cognitive ou bénéficier d’un suivi psychoéducatif quotidien (Check In/Check Out ou Check and Connect), etc. Environ 15 % des élèves nécessitent une intervention de niveau 2. Ces élèves progressent de façon satisfaisante lorsqu’ils bénéficient d’une intervention efficace, ce niveau en plus de l’intervention de niveau 1 (Brodeur et al., 2010). Environ 5 % des élèves nécessitent une intervention de niveau 3.
Au niveau 3, l’intervention est la plus lourde qui soit offerte en milieu scolaire. Elle porte spécifiquement sur les besoins des élèves dont les difficultés persistent malgré une intervention efficace aux deux premiers niveaux d’intervention (Brodeur et al., 2010). À ce niveau, les interventions sont individualisées, intensives, spécialisées, multisystémiques. De plus, elles requièrent une évaluation fonctionnelle du comportement et l’établissement d’un plan d’intervention (PI) et d’un plan de services (PS); car les interventions à réaliser impliquent généralement le recours à des services multiples (orthopédagogue, psychologue, psychoéducateur, travailleur social, pédopsychiatre, éducateur spécialisé, etc.), et ce afin d’intervenir aux plans individuel, familial et scolaire, car les troubles comportementaux de ces élèves sont graves, persistants, voire cristallisés.
« Le modèle d’intervention à trois niveaux permet d’envisager des interventions de plus en plus intensives pour répondre aux besoins de tous les élèves. Il s’agit également d’un modèle qui favorise l’organisation des services » (MELS, à paraître, p.9). Il importe de mentionner que le modèle de réponse à l’intervention est utile pour la gestion des interventions comportementales mais il est également utilisé pour l’intervention auprès des élèves ayant des difficultés d’apprentissage, particulièrement en lecture (Bissonnette, Richard & Gauthier, 2005, 2006; Brodeur et al., 2010). Le modèle RAI est une véritable mesure de différenciation, fondé sur des données probantes, applicable tant sur le plan comportemental que celui des apprentissages!