Messieurs Steve Bissonnette, Ph. D., professeur à la Télé-Université à l’Unité d’enseignement et de recherche Éducation (TELUQ), Carl Bouchard, Ph. D., professeur au département de psychoéducation et de psychologie de l’UQO et Normand St-Georges, professionnel de recherche à la TELUQ ont formé un groupe de recherche inter-universitaire qui accompagne les écoles dans la mise en oeuvre du système le Soutien au Comportement Positif (SCP) au Canada.
Le Soutien au Comportement Positif (SCP) représente, en contexte francophone, une application du système Positive Behavioral Interventions and Supports (PBIS) appliqué dans plus de 18 300 écoles un peu partout aux États-Unis.
Les effets positifs du système PBIS, tant sur le plan comportemental (Barrett et al., 2008; Eber, 2006; Horner et al., 2005) qu’académique ont largement été montrés (Eber, 2006; McIntosh et al., 2006; Nelson et al., 2002; Putnam et al., 2006). Nous avons participé à l’implantation fidèle du système SCP, tel que recommandé par ses concepteurs Georges Sugai et Robert Horner (2002), dans les écoles franco-ontariennes de trois conseils scolaires de la région d’Ottawa et dans une dizaine de commissions scolaires québécoises. De plus, notre groupe de recherche travaille, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique (University of British Columbia UBC) et de l’Orégon à la diffusion du PBIS-SCP au Canada.
SCP : Qu’est-ce que c’est?
Le SCP propose la mise en place d’un système de soutien sur le plan de la gestion des comportements afin de créer un milieu propice à l’apprentissage. Le système préconise l’adoption d’une approche à l’échelle de l’école tout entière dans laquelle on prend les devants en matière de discipline. On se fonde sur l’idée que les comportements attendus en classe et hors classe doivent être définis précisément, enseignés explicitement et être reconnus lors de leur manifestation. De plus, un continuum d’interventions est défini afin d’agir rapidement et efficacement auprès des problématiques comportementales et de soutenir l’adoption des comportements préalablement enseignés. Le système encourage chaque école à déterminer ses propres besoins en relevant et en analysant de façon systématique des données sur les problèmes comportementaux vécus et en faisant en sorte que le personnel travaille en équipe pour élaborer une approche cohérente et positive de la discipline dans l’école.
Plus spécifiquement, le système SCP implique la mise en oeuvre de dix composantes. Lire la suite ici
Premier bilan des effets du SCP sur le nombre d’écarts de conduite (EMC) majeurs dans 11 écoles québécoises
Pour évaluer les effets du système SCP, il importe de calculer dans chacune des écoles participantes le nombre d’écarts de conduite majeurs (ECM) rencontrés au cours d’une année scolaire. Un écart de conduite majeur est un incident disciplinaire qui empêche le professeur d’enseigner et pour lequel l’élève est retiré de classe. Les écoles participantes au projet ne disposant pas d’informations sur les ECM avant l’implantation du SCP, il importe alors de comparer les ECM après un minimum de deux années de mise en oeuvre du système. Il devient ainsi possible de comparer le nombre de ECM de l’an 1 avec l’an 2 et vérifier s’il y a une diminution de ce type d’écart de conduite. Une première évaluation des effets du SCP sur le nombre de ECM dans 11 écoles (primaire n=10, secondaire n=1) au nord de la région montréalaise montre une diminution moyenne de 39% des ECM entre l’an 1 et l’an 2 de mise en oeuvre ou une taille d’effet de -0,62! Bien que le nombre d’écoles soit restreint, ces résultats préliminaires sont positifs et très encourageants!
Les dangers de l’improvisation
Depuis maintenant 10 ans, mon équipe accompagne, à travers des projets de recherche et du coaching, de nombreuses écoles primaires et secondaires dans la mise en oeuvre du SCP. Nos résultats de recherche montrent que l’accompagnement est une condition essentielle à une implantation réussie du SCP.
Malheureusement, nous avons constaté que notre matériel (powerpoint et autres) de recherche a été utilisé dans certaines commissions scolaires et ce dans une perspective non pas d’information mais de formation auprès du personnel scolaire. Ce qui signifie que certaines personnes après une présentation de 3 h sont maintenant des experts en mesure d’implanter et d’accompagner le SCP avec succès et ce sans jamais l’avoir expérimenté. Ce genre de situation est typique en éducation! Plutôt que de suivre un processus d’implantation rigoureux, on prend ce qui fait notre affaire et on débarque dans les écoles avec un nouveau petit kit et on l’implante à la va comme j’te pousse! S’en suivra un échec et on dira alors encore une autre mode en éducation!
Par conséquent, le SCP est implanté au Québec selon les règles de l’art uniquement par notre équipe de recherche. Nous nous dissocions de toutes autres formes d’implantation et nous tenons à rappeler que nous n’autorisons personne à utiliser notre matériel sans notre autorisation! Arrêtons d’improviser et soyons aussi sérieux en éducation qu’en médecine!
Le SCP en sol québécois!
Au cours des dix dernières années, le système SCP a été implanté avec succès dans plus d’une centaine d’écoles et ce, tant dans les écoles primaires que secondaires ainsi qu’auprès d’élèves ayant des difficultés de comportement et/ou des problèmes relevant de la psychopathologie. Le SCP a été implanté dans une quinzaine de commissions scolaires québécoises avec lesquelles différents projets de recherche ont été réalisés à la TELUQ afin d’analyser l’implantation et les effets du SCP.
Réseau Canadien PBIS
Notre équipe de recherche SCP est associée au Réseau canadien PBIS. Pour consulter le Réseau Canadien PBIS, cliquer ici
Voyez l’initiative SCP en action dans les écoles de nos collègues franco-ontariens